Kabysh invite à découvrir son ” Syèl Kase “

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Nous voilà au beau milieu d’une actualité, une invitation à une immersion céleste, l’espace de cinq chansons, pour mourir de nos pauvres repères et renaître dans des images d’étoiles qui chutent, de lune et de soleil jetés à l’eau, de mers ailées et de couleurs auditives : Le chanteur Kabysh sort son premier « Extended Play » baptisé Syèl Kase (Ciel cassé)…

Bien avant cette production, l’artiste haïtien ne manquait pas de se placer dans le rang de ceux qui courtisent ce principe de lumière qui se veut naître de l’excentricité même. De sa première sortie « Dekonekte » en 2017 à ces derniers titres qui forgent son récent microalbum, Kabysh s’est toujours interdit de miser sur la vitesse du monde plutôt que le rythme de son âme et de plaire à la grande foule quand il lui faut couler en sa passion et les voies de son cœur. Syèl Kase est un voyage musical qui dit clairement sa volonté de se révéler « créateur authentique » qui transcende les attentes, repousse les frontières du genre et crée une musique qui se démarque par sa richesse littéraire, sa force et sa sincérité.

L’EP prend son envol avec “Onè Lasosyete”, un titre qui s´ouvre avec la voix sismique de James Germain qui, plus tard, sera rejointe par celle de Kabysh lui-même avec cette finesse déconcertante pour envelopper l’auditeur dans une aura émotionnellement chargée. Sur cette toile délicate, les phrases sont peu nombreuses mais éternelles. C’est un appel au rassemblement de voix comme pour dire : nous ne sommes beaux et forts que têtes collées et chants unis. Nous n’exagérons pas en disant que Kabysh y a trouvé la clé pour toucher les fibres les plus profondes de celui qui écoutera.

La seconde piste “Flè” invite à bouger dès ses premières notes. Les pulsations rythmiques envoûtantes tendent à nous faire oublier l’indubitable poésie du morceau, captivant l’émotion de bout en bout. Un tableau qui dit hier, aujourd’hui et demain, des vers simples mais écrits en beauté et la voix naturelle du chanteur créent un récit introspectif qui nous font explorer cette magie des moments que nous qualifions souvent des moindres.

Le titre éponyme, “Syèl Kase”, est une odyssée audacieuse dans les méandres de l’âme du chanteur. Il partage ces cascades avec Lòlò qui lui, semble venir illuminer ce tableau fiévreux avec un optimisme qui transportera l’auditeur comme sur une pirogue. C’est un titre qui se révèle être un joyau musical d’une rare intensité. Tel un peintre avec sa palette de sons, Kabysh sonde ses abîmes et chasse des rêves.

“Listwa n” se distingue comme un titre dédié à l’amour. Dans cette composition non moins poétique, il prend la route avec Badio pour nous faire entrer au plein cœur d’émotions sensibles, pures et intimes. Kabysh chante en brodant les fils d’une histoire quand Badio rape et donne l’impression de murmurer des promesses à l’oreille. Tous deux y ont la tendresse pour patrie. Tous deux rappellent la beauté de cet élan sacré qui unit les êtres. Tous deux sont poètes.

L’EP atteint son apogée avec “Blessings”, une célébration exaltante de la vie et de la gratitude. Avec ses rythmes contagieux et entraînants, son énergie et ses mélodies enjouées, tous se mariant harmonieusement, le morceau ne manque pas de nous faire entrer dans une transe combien joyeuse et vibrer comme pas possible. Cette chanson qui irradie de positivité nous jette dans une bonne humeur. Kabysh nous y guide vers une image parfaite de l’esthétique de la clarté, une ultime bénédiction qui laisse une empreinte indélébile…

Avec “Syèl Kase”, Kabysh accouche d’une œuvre d’art intemporelle. Les morceaux passent, l’expérience reste la même : riche, puissante, organique. Ce projet musical dit une vision artistique qui dépasse les limites de l’habituel. C’est un travail qui mérite une attention particulière et nous ne pouvons que souhaiter longue route à l’artiste en lui adressant, bien sûr, nos félicitations.

Emanuella DERISSAINT,
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